Un jour,
je prends précipitamment l'avion pour me rendre à Los Angeles.
Je ne dois rester que deux jours. Mais j'aimerais en voir au moins quelque chose. En jetant un coup d'œil à la carte, naïvement je me convaincs que je peux m'aventurer à pied dans la ville. Mais l'échelle de cette dernière me fait vite sauter dans un taxi.
Le conducteur est d'origine Arménienne. Nous nous posons mutuellement plein de questions sur nos vies respectives. Il me dépose au Getty Museum. Je lui demande s'il me permet de le prendre en photo. Il a ce regard pétillant.
Il y a une exposition sur Robert Adams, les tirages sont particulièrement beaux, avec des noirs incroyablement denses, empreints d'une chaleur des nuits d'été. Pour la première fois peut-être, je tombe physiquement en admiration devant la photo d'une plante en pleine nuit, au bord d'une route, sur un bout d'herbe, à la lumière d'un éclairage urbain. Comme si l'on pouvait palper le grain de la feuille dans la pénombre, entendre grésiller l'électricité.
Je rends visite à mon ami qui tourne avec Eva Longoria. La vue depuis la maison est impressionnante. J'ai le poids heureux du Leica contre moi et plein de pellicules dans les poches, la chance de pouvoir évoluer absolument où je veux. Elle est absolument aimable, assurément professionnelle. Parfois j'ai l'impression au détour d'un regard qu'elle se demande ce que je fais là.
Je passe l'après-midi à "Universal Studios". C'est finalement pas aussi bien que ce à quoi je m'attendais… Sauf peut-être pour les flammes de "Backdraft". J'ai toujours aimé les flammes. Et la DeLorean DMC-12 de "Back to the Future". Elle est juste garée là, avec un minable guide-file en guise de protection qui ne la mets pas en valeur. Les gens dans le bateau ne font même pas l'effort d'avoir peur du requin.
Je me rends dans un self un peu vide avec une musique de fond censée générer une atmosphère épique. Devant moi un homme imposant fait glisser son plateau sur les rails de métal, commande un menu burger-frites-soda dont la taille m'inquiète. Je demande le menu burger-enfant. Le type prend tout son temps, le mien, pour me regarder de haut et me condamne du regard. Je mange en terrasse, il fait bon. Je n'arrive même pas achever tant c'est copieux.
© Copyright Raphaël Creton
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